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Questions sur le RSD de Giono


Par AR L'Hévéder | Mis en ligne le 30-05-2004

Synthèse de "Guihard", [email protected],
qui signe : AR L'Hévéder
LFI Hong Kong


Au terme de mon étude d'Un Roi, je m'interroge encore sur de nombreux points :
Comment interpréter l'épigraphe (en dehors de la référence musicale, de la prison, du travail de l'écrivain...), citation de Rob Roy de Walter Scott ? Giono fait-il ainsi un lien quelconque entre roman historique et chronique ?
La parenthèse, p.25 (Je pense à Perceval... opium ? Quoi ?Tabac ? aspirine du siècle de l'aviateur-bourgeois [...] neige. ) me laisse bien perplexe.
Enfin ? Pourquoi le parents de MV lit-il Sylvie de Nerval, précisément ce qui est bien sûr assez drôle ?
Merci à tous pour vos réponses que je mets en ligne.
L'aviateur bourgeois, Rob Roy et Nerval.
Ces quelques notes et remarques vous aideront peut-être
Comment interpréter l'épigraphe (en dehors de la référence musicale, de la prison, du travail de l'écrivain...), citation de Rob Roy de Walter Scott ? Giono fait-il ainsi un lien quelconque entre roman historique et chronique ?
Personnellement, il me semble que oui. Mais j'y verrai aussi un des motifs essentiels du roman "la littérature comme divertissement suprème" (à tous les sens du mot, ce qui reste quand il n'y en a plus d'autres : c'est ainsi que commence "Rob Roy", c'est d'une certaine manière la leçon des vieillards qui savaient vieillir sur leur banc ; et bien sûr le meilleur, le plus efficace, le seul qui nous permette de nous égaler aux dieux (en maîtrisant le temps) et naturellement de "les surveiller" (c'est la fonction que Giono met dans la bouche de son Melville dans "Pour saluer Melville".
D'autre part, le mélange "opéra-bouffe', d'une certaine manière encore, court dans "Rob Roy" avec le personnage du jardinier. Quant au procureur, il n'est pas sans faire penser au bailli qui accompagne le jeune héros dans ses périgrinations écossaises.
La parenthèse, p.25 (Je pense à Perceval... opium ? Quoi ?Tabac ? aspirine du siècle de l'aviateur-bourgeois [...] neige. ) me laisse bien perplexe.
Là moi aussi, j'ignore. Je penserai bien à un jeu de mots implicite, type "planer"
Enfin ? Pourquoi le parent de MV lit-il Sylvie de Nerval, précisément ce qui est bien sûr assez drôle ?
Je vous donne l'extrait d'un petit machin que j'écris sur le temps (dans Un roi...) cela vous aidera peut-être :
D'autre part, en raison de l'insistance sur la référence à Gérard de Nerval (6 occurrences pour un seul paragraphe). Ainsi faut-il noter que le récitant avant même de raconter son histoire la marque doublement d'un signe de mise en garde : cette histoire advenue cent ans auparavant, comment y accorder créance si celui qui la raconte ne parvient même pas, d'entrée de jeu, à fournir de certitudes quant au présent sur lequel il enquête directement. Il est vrai qu'il récuse le statut d'historien : "Evidemment, c'est un historien ; il ne cache rien : il interprète. Ce qui est arrivé est plus beau, je crois." dit-il à propos de son informateur Sazerat; et récusant ce statut, il en appelle à la littérature : beau à l'instar de Sylvie, transfigurant les souvenirs de Gérard dans un Valois lumineux et vaporeux comme les tableaux de Corot, questionnant le souvenir, rêve ou réalité, le narrateur s'interrogeant : "Ce souvenir est une obsession peut-être"24. Ce qui est "plus beau" n'est jamais l'événement brut, le fait, c'est sa reconstruction en expérience, c'est-à-dire en événement signifiant, pourvu d'un sens (voire de plusieurs) par le travail mémoriel. Et le premier (ou le dernier, quand aucun autre ne peut être atteint directement) : celui de l'oeuvre d'art. Ce qui revient aussi à s'interroger sur les rapports entre mémoire (vive, transformant tout et toujours, au gré de la durée, du temps qui passe, des évaluations et des regards rétrospectifs) et histoire (consignée dans les dates et dans les livres, ce que transmet éventuellement l'instituteur, qu'était d'ailleurs le père de ce même Sazerat, comme le jeune descendant supposé de M. V.)
Que "Sylvie" soit ce récit où un narrateur s'interroge sur la réalité du souvenir : est-il la trace d'un quelque chose extérieur au sujet se souvenant ou n'est-il que la projection d'une intériorité sur le monde extérieur, ne peut être sans conséquence sur la lecture de ce qui suivra. Sans compter que ce travail de la mémoire active est une des "leçons" de lecture de ce récit dans lequel le lecteur ne peut progresser qu'en réévaluant constamment les informations déjà reçues.
Et j'ajouterai que les références à "Sylvie" dans le roman sont innombrables, à commencer par cet aller-retour présent-passé, puis l'horloge de Frédéric II, le daguéréotype de Calas et d'Anselmie, réécriture caricaturale du portrait des mariés, qui sont les plus visibles. Il y a aussi un banc des vieillards...
Pour Nerval, on peut trouver plusieurs raisons:
- L'omniprésence des fêtes, sources de bonheur pour le narrateur qui souffre de l'ennui au début au théâtre.
- Quelques descriptions du cadre assea proches de ce que fait Giono.
- Une série de clins d'oeil : le portrait au mur de la grand tante, Sylvie qui devient Dentellière (proche de la brodeuse), l'analogie entre hommes et loup.
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Pour les références à Nerval, le Foliothèque propose également quelques pistes :
- les citations clin-d'oeil au fil du texte de Giono (allusions aux Chimères avec le portrait de Langlois, lors de son retour, en "Desdichado", avec les roses trémiaires, citation d'Artémis ; aux Odelettes également)
comme interprétation, la thématique de la difficulté, chez Nerval, à cerner sa propre identité, comme clin d'oeil là encore à cette difficulté d'enfermer les protagonistes dans des catégories bien précises. Ainsi, les villageois semblent être des hommes pragmatiques, qui vaquent à leurs occupations sans réfléchir, et pourtant, Bergues a une sensibilité esthétique devant le sang, et pourtant Frédéric cherche à s'évader dans des occupations gratuites voire sadiques (cf. la clé enfoncée dans l'oeil de la bergère), etc. Je trouve qu'il y a moyen, à partir de cette réflexion sur l'identité, de s'interroger sur les pièges de lecture que le roman nous tend.


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