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Article : [841] - L’ÃŽle des esclaves est-elle un apologue ?


mardi 21 février 2012

Par Hélène Paumier

La question était de savoir si L’ÃŽle des esclaves de Marivaux est un apologue et quelles activités peuvent être proposées à des élèves de Première S.
Synthèse mise en ligne par Delphine Barbirati.

Oui, L’ÃŽle des esclaves est un apologue

  C’est un apologue, cela ne fait aucun doute.
Venant étayer cette idée, deux articles à consulter :
sur le site MAGISTER, une réflexion sur la portée de l’apologue.
sur le siteMARIVAUX2, un sujet ainsi formulé : « La vocation traditionnelle de la comédie est de « corriger les moeurs par le rire ». Or un critique s’est demandé si « L’ÃŽle des esclaves mérit[ait] le nom de comédie » dans la mesure où elle était surtout un « apologue moral ». A la lumière de la mise en scène des rapports entre maîtres et valets dans l’Å“uvre étudiée cette année, vous vous demanderez si sa dimension comique nuit à sa portée morale ou si elle la renforce au contraire. »
  Le problème soulevé concerne la notion de récit : une pièce de théâtre contient-elle un récit ? On peut répondre affirmativement puisque l’intrigue répond elle-même au schéma narratif, et en ce sens il a une dimension narrative.
En ce cas l’apologue en tant que "récit imaginaire" qui donne une "leçon argumentative sur le monde réel" correspond à L’ÃŽle des esclaves. La fonction apologétique ne se limite pas à un genre ou un type de discours.
Peut-être est-ce plus clair si l’on considère cette pièce comme une "parabole". La fonction morale est d’autant plus présente qu’elle est "mise en abyme" : leçon pour les spectateurs (le renversement social ne peut avoir lieu qu’au théâtre - il reste imaginaire : une époque et un lieu indéfinis - mais doit conduire les spectateurs de la "vraie vie" à considérer l’autre - maître ou domestique - avec plus de cÅ“ur) ; leçon pour les personnages eux-mêmes qui sortent grandis de cette expérience et invitent les spectateurs à imiter leur noblesse d’âme.
La thèse illustrée est amplement explicitée par Trivelin.

Non, L’ÃŽle des esclaves n’est pas un apologue

  En fait, pour savoir si la pièce de Marivaux est un apologue, il convient de se demander au préalable si une pièce de théâtre est un récit ? Et la tradition aristotélicienne distingue le récit (épopée) de l’action (drame).
  Non, cette pièce est une comédie qui exploite la Commedia dell’arte au-delà de la simple farce.
Marivaux propose un renversement du monde, comme on lit dans d’autres Å“uvres avant lui : des visions de l’enfer,etc. On peut rapprocher la pièce de celles de Musset qui illustrent des réflexions communes : Il ne faut jurer de rien ou On ne badine pas avec l’amour.
Dans le cas présent, , ce serait « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » et encore, est-ce ça ?
On peut, certes, y voir une utopie, qui entre dans la catégorie des apologues, mais justement, ici, il s’agit d’une utopie théâtrale. C’est assez rare pour être reconnu.
On peut craindre que le nom d’apologue attribué à une pièce ne suscite chez les élèves une certaine perplexité.
Ce n’est pas « un récit illustrant une thèse ou une pensée », mais un spectacle édifiant, comme toute pièce de théâtre. Le recours à la Commedia dell’arte est très clair.
Comment associer cela aux contes philosophiques et autres fables ? N’y a-t-il pas d’autres comédies intemporelles et u-topiques ? En conclusion, cette pièce n’est pas ce qu’on appelle un apologue. Ceci dit, rien n’interdit de réfléchir aux limites de cette forme littéraire.
  Normalement, un apologue est un texte narratif : il faut donc exclure les textes de théâtre. En revanche, on peut faire lire cette oeuvre en complément d’une séquence sur l’argumentation et le siècle des Lumières. Sans doute peut-on voir L’île des esclaves comme un engagement contre l’esclavage, mais il semble difficile pour autant d’y trouver une morale.

Proposition d’activités

  sur 5 points : Cherchez dans vos manuels ou sur internet les définitions des termes que vous ne comprenez pas ainsi que des résumés des pièces citées que vous ne connaissez pas. Rédigez-en des définitions simples. Vous devez indiquer vos sources : bibliographie et webographie commentées.
  Sur 15 points : Vous rédigerez un texte argumentatif dans lequel vous répondrez vous-mêmes à
la question posée initialement. Vous devez aussi vous appuyer sur le texte de Marivaux et le citer.
Critères d’évaluation :
Organisation
Qualité des analyses
Références précises aux œuvres
Langue


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