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Article : [205] - Construire et présenter une dissertation ou un commentaire au lycée (parties, sous-parties, paragraphes...)


lundi 16 août 2004

Par Basile Sotirakis

Il s’agissait de réfléchir sur la construction et la présentation des écrits de type baccalauréat au lycée (commentaire et dissertation). Fait-on réellement la différence entre partie, sous-partie et paragraphe ? Doit-on obligatoirement attendre de la part des élèves ou des candidats, dans chacune de leurs parties, plusieurs sous-parties, elles-mêmes composées de plusieurs paragraphes ? D’autre part, exige-t-on également une telle architecture le jour de l’oral ?

Synthèse mise en ligne par Valentine Dussert.

Réponses concernant l’écrit

Bilan général

  Pour la quasi-totalité des collègues qui ont répondu, il apparaît qu’une sous-partie équivaut à un paragraphe. On peut donc s’interroger sur l’intérêt de la double terminologie au niveau du lycée (référence implicite au modèle du post-bac, elle peut parasiter nos attentes à l’égard des lycéens qui sont à leur tour entraînés dans une certaine confusion).

  Un aspect inattendu de la question apparaît dans nombre de réponses : toucher à cet implicite consiste à démolir en entier l’organisation de tout devoir de français, empêchant par là les élèves de construire une pensée. Et même, il y aurait une intention à cela !... Une précision : il ne s’est à aucun moment agi de supprimer le besoin impérieux d’un plan, sans lequel il ne saurait évidemment exister de pensée, mais de réfléchir à ce que nous pourrions raisonnablement demander à nos élèves par rapport à ce à quoi nous sommes nous-mêmes habitués. Et il y a, ci-dessous, beaucoup de messages qui posent le problème avec une rigueur tout à fait utile.

Les réponses des colistiers

  (1) De nombreuses réponses soulignent l’importance de l’organisation, et du paragraphe, même si celui-ci n’est pas distingué de la sous-partie :

— (Selon plusieurs réponses...) On attend, dans un commentaire ou une dissertation, deux ou trois parties, chacune composées de deux ou trois sous-parties. Chaque partie est distinguée par un espace de deux ou trois lignes, chaque sous partie constitue un paragraphe. C’est donc une subdivision de moins que les devoirs « niveau fac ».
— C’est déjà bien lorsqu’il y a deux parties bien ciblées comprenant chacune deux ou trois paragraphes également bien ciblés et visibles (alinéas) ; encore mieux lorsqu’il y a trois parties avec chacune trois paragraphes. Alors, il n’est pas forcément nécessaire de parler de sous-parties...
— Le paragraphe aide le lecteur à suivre le cheminement d’une pensée à l’écrit. Il s’agit d’une forme d’organisation à acquérir dès la sixième, qui consiste à regrouper les phrases autour d’une idée... Pourquoi les élèves de lycée ne connaîtraient-ils pas cette forme élémentaire d’organisation ? On peut proposer la formule « paragraphe argumentatif = idée directrice + X fois (arguments + exemples) + bilan partiel ». Elle permet aux élèves de 2de de mieux présenter leur réflexion et de comprendre le sens du paragraphe. Quand ils sont à l’aise, plus de souplesse s’impose... Il ne s’agit pas d’un simple formalisme, mais bien d’une méthode qui permet de mieux se faire comprendre et de mieux convaincre ; en bref, de s’adresser de manière pertinente à un interlocuteur. Quant aux parties, elles structurent des paragraphes autour des « axes » dans un commentaire ou des « thèses » dans une dissertation. Au bac, on découvre des réflexions intéressantes qui tiennent compte du lecteur / correcteur (idées et organisation) : une réelle réflexion a été mise en oeuvre et l’élève a essayé de tenir compte du correcteur. D’autres copies brassent des idées mais peinent à les organiser, comme si l’élève avait poursuivi un monologue intérieur à peine dérangé par le passage à l’écrit. D’autres semblent organisées, mais sont creuses, souvent à la limite (franchie) de la paraphrase... Enfin, les plus mauvaises productions sont creuses et mal fichues... Sans attendre un devoir type agrégation, on peut demander à un élève de lycée de montrer des capacités d’analyse et de communication de cette réflexion. Rien d’extraordinaire, voire que du classique : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément ».
— Lorsqu’on expose la méthode du commentaire et plus encore de la dissertation, il semble bon de placer la barre un peu haut. On peut leur conseiller de chercher trois grandes parties et de trouver à chaque fois trois sous-parties (et même leur dire pour l’anecdote leur dire qu’on a pu faire au lycée des plans en 27 « sous-sous-parties » autrefois !). Les élèves comprennent après explication qu’il ne s’agit pas simplement d’une « règle du jeu » : cela permet de s’assurer d’une démarche intellectuelle (observation du sujet, remise en question de celui-ci, dépassement ou élargissement par exemple). Evidemment, cela ne garantit pas la qualité du contenu, l’intelligence du propos et il vaut toujours mieux une dissertation en deux parties inégales, bien rédigée, nourrie d’exemples pertinents qu’un devoir en 27 parties parfaitement inepte et truffé de fautes. Enfin il est vrai qu’enseigner un exercice aussi redoutable est une tâche ardue, que rares sont les élèves qui parviennent à en maîtriser toutes les finesses, mais ce n’est pas une raison pour renoncer. Quant au jour du bac, c’est une autre affaire. On se fie aux barèmes qu’on nous impose et on évalue en fonction du paquet, en valorisant les meilleures copies... Relire nos devoirs de lycéens peut être utile : cela rend à la fois plus modeste dans nos attentes et plus optimiste dans la capacité d’évoluer des élèves !
— Le formalisme n’est peut-être pas très pertinent pour tous les devoirs, mais un devoir composé d’un paragraphe de trois pages semble irrecevable par principe. Si l’on considère que la conclusion d’un devoir énonce l’idée principale ou la thèse, on peut appeler « partie » du devoir les différents arguments de cette thèse et leurs éventuels sous-arguments. Donc, pour la dissertation et le commentaire, on exige au moins deux parties principales et à l’intérieur, « un paragraphe par idée et une idée par paragraphe », avec saut de ligne entre les parties et marque d’alinéa au début des paragraphes. Afin de bien marquer le rapport de la partie à la conclusion, il est bon de ne jamais formuler le titre de ces parties sans un verbe, et de vérifier que la phrase ainsi obtenue est bien une justification de la conclusion défendue... Les copies sont beaucoup plus claires, et on peut attendre cela au bac, plutôt que des listes de champs lexicaux inexploitées. Un élève qui ne « fera » plus de français par la suite peut oublier bien des termes de commentaire, mais a tout de même besoin d’avoir appris à structurer un propos.
— Les grandes parties, entre lesquelles on demande de sauter une ligne, ne sont-elles pas attendues au nombre de deux au moins, trois si possible ? Elles correspondent aux « grands axes » du plan. Mais chacune de ces grandes parties se subdiviserait en trois sous-parties (=a+b+c) qui correspondent chacune à un paragraphe. Enfin dans chacun de ces trois paragraphes composant une grande partie, on attendrait trois [sous-]idées, chacune appuyée d’une preuve distincte. Cette règle, en vigueur voilà beaucoup plus de trente ans (mesure de sa propre expérience, solipsisme inévitable), sinon plus de vingt siècles, s’est infléchie dans ses réalisations depuis une dizaine d’années, par le fait que certaines exigences seraient moins tenables de tous côtés. Mais pour autant l’idéal canonique est-il passé par pertes et profits ? C’est ce que personne officiellement n’a encore décrété, à ma connaissance. Cette architecture est un exercice de l’esprit. Elle forme à une certaine rigueur. Elle interdit le péremptoire, mais non la formule. Elle invite à la réflexion...
— A moins de supposer de graves difficultés d’entendement chez nos élèves, il paraît essentiel de leur apprendre à structurer une réflexion, en distinguant en effet parties du développement composées chacune de plusieurs paragraphes, car le paragraphe est l’outil indispensable d’approfondissement d’une idée. La distinction partie, sous-partie, paragraphe date du temps où l’on nous supposait capables de bâtir un plan en I,a) alpha, bêta, etc.... J’avoue que j’assimile depuis longtemps sous-partie et paragraphe et que je privilégie l’emploi de ce dernier terme. Chaque développement est donc composé de deux, trois, ou quatre parties composées chacune de deux à quatre paragraphes et ce plan est repérable grâce aux sauts de ligne et alinéas. La structuration d’une pensée, loin de la museler, lui permet simplement d’exister...

  (2) Deux réponses toutefois, tout en insistant sur l’organisation, font la différence entre sous-partie et paragraphe.

— Un message fait une différence qui semble organiquement nécessaire à la structuration du propos, malgré l’émiettement de la pensée auquel on risque d’aboutir) :
En général, pas de sous-partie, plutôt quelque chose du genre : I. Intérêts de l’apologue (§1 = intérêt 1 ; §2 = intérêt 2 ; §3 = intérêt 3)... Mais on peut aussi envisager seulement deux sous-parties : I. Argumenter au moyen de l’apologue (A. Les avantages avec §1 = avantage 1, §2 = avantage 2... ; puis B. Des inconvénients cependant...). En lecture méthodique, cela peut arriver très souvent : I. Un conte (A. Indices spatio-temporels avec §1 = indices de temps, §2 = indices de lieu ; B. ...).
— Un autre message fait la distinction entre la sous-partie comme étape dans l’organisation d’une pensée et le paragraphe comme forme que va revêtir chacune de ces étapes :
Une présentation très stricte semble essentielle ; la règle est « une sous-partie = une idée = un paragraphe », et la présentation proposée pour le commentaire et la dissertation est la suivante (distribuée aux élèves dans une fiche de méthode) :
Introduction : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes) / SAUTER TROIS LIGNES
Introduction de la partie I : 1 seul paragraphe (environ 3 lignes)
1ère sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
2ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
3ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
Transition : 1 seul paragraphe (environ 5 lignes) / SAUTER TROIS LIGNES
Introduction de la partie II : 1 seul paragraphe (environ 3 lignes)
1ère sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
2ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
3ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
Transition : 1 seul paragraphe (environ 5 lignes) / SAUTER TROIS LIGNES
Introduction de la partie III : 1 seul paragraphe (environ 3 lignes)
1ère sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
2ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
3ème sous-partie : 1 seul paragraphe (environ 20 lignes)
Conclusion partielle : 1 seul paragraphe (environ 3 lignes) / SAUTER TROIS LIGNES
Conclusion : 1 seul paragraphe (environ 15 lignes)
Evidemment, les élèves s’empressent de faire la somme du nombre de ligne et de le convertir en nombre de pages, pour aboutir à un résultat il est vrai peu réaliste ! Mais après leur avoir fait ce petit choc, on peut leur dire que c’est un idéal que certains professeurs ont encore (et qu’il vaut donc mieux essayer de s’en approcher), et surtout un idéal qui n’a pas seulement pour but de remplir des pages, mais plutôt de favoriser la clarté de leur pensée, et de les amener à approfondir leurs analyses. Ensuite, on adapte : lorsqu’on fait trois grandes parties, il est possible de ne faire que deux sous-parties dans chacune ; en revanche lorsqu’on fait deux grandes parties, mieux vaut essayer d’y « mettre » trois sous-parties. Bref, la présence d’un modèle, même idéal, semble plutôt rassurante pour les élèves, surtout lorsqu’il est productif. Et l’on peut s’étonner lorsque l’on entend de plus en plus souvent que la présence de transitions n’est pas indispensable...

Un débat autour de la question du formalisme

  Première intervention :

— On peut s’interroger sur notre enseignement de l’argumentation, et craindre qu’à vouloir le formaliser à l’extrême (axes, sous-axes, idées directrices et arguments secondaires, introduction en trois parties et conclusion en deux parties...) on tombe... dans le formalisme, et que surtout on brouille le sens des exercices aux yeux des élèves (d’où les questions « combien il faut d’axes pour ce texte ? » ou les plans : « I. Oui, les genres de l’argumentation indirecte sont plus efficaces que ceux de l’argumentation directe quand on veut dénoncer une injustice auprès de ses contemporains —> II. Non, ce sont ceux de l’argumentation directe qui sont plus efficaces —> III. Cela dépend des préférences des auteurs » - au lieu de « c’est quoi / à quoi ça sert de disserter, ou de commenter un texte ? »). En effet, comme cela a déjà été dit, il y a un écart entre nos attentes magistrales et la réalité des copies de baccalauréat, y compris les « bonnes », en ce qui concerne la structuration formelle...

— A titre d’exemple, une dissertation proposée en Première S. On n’y verra ni introduction à trois parties, ni conclusion détachée avec question relançant une nouvelle réflexion, et chaque étape de la délibération se présente en un seul paragraphe... Voyez-y une tentative de sortir de certains « dogmes » de la rhétorique scolaire, pas un appel à la polémique...
Le corpus proposait 5 textes du XVIIIe siècle dénonçant l’esclavage (« De l’esclavage des nègres » de Montesquieu, l’article « Traite des nègres » de Jaucourt, « Le nègre de Surinam » de Voltaire, un extrait de « Réflexions sur l’esclavage des nègres » de Condorcet, « Le discours du vieux tahitien » de Diderot) avec comme sujet : « Comment un écrivain, pour dénoncer une injustice, peut-il convaincre le mieux ses contemporains ? Par les genres de l’argumentation directe ou par ceux de l’argumentation indirecte ? »
« Lorsqu’un écrivain décide de dénoncer une injustice, la question est pour lui de savoir comment convaincre au mieux ses contemporains, et cette question passe par le choix d’une argumentation directe ou indirecte.
Les genres de l’argumentation directe qui s’offrent à lui sont par exemple l’essai, le traité, le pamphlet, la lettre ouverte, le dialogue philosophique. La fable, l’apologue, le conte philosophique, le récit de voyage ou les utopies de la science-fiction relèvent, eux, entre autres, de l’argumentation indirecte.
Alors quel est le plus efficace ?
Si on considère que le but d’une dénonciation est de faire appel à l’intelligence, à l’esprit critique et lucide d’un lecteur, de lui donner les moyens de réfléchir en connaissance de cause, sans se laisser envahir par ses émotions, alors on écrira plutôt un essai ou un traité. On voit par exemple que telle est la visée de l’article philosophique du chevalier de Jaucourt : il propose d’abord une définition de l’esclavage pour ensuite démontrer avec des raisonnements logiques qu’aucun droit ne justifie cette pratique. C’est donc en faisant appel à l’intellect et à la logique du lecteur que de Jaucourt veut le conduire à refuser l’esclavage.
Condorcet fait appel, lui, davantage à l’esprit critique de son lecteur en réfutant systématiquement l’argumentation adverse : il en montre le mensonge, ou l’aspect criminel. Le lecteur est alors convaincu, parce qu’on lui a montré quel était le point de vue adverse, et qu’on a fait appel à sa capacité de juger pour récuser ce point de vue adverse.
Mais on peut considérer aussi qu’une argumentation est convaincante si elle fait appel aux émotions et aux sentiments du lecteur, si elle amène le lecteur à réagir affectivement au problème évoqué. La rencontre de Candide avec le nègre a cette visée : le Français de 1759 peut partager l’émotion de Candide, s’identifier à lui, et sentir l’horreur que lui inspire le spectacle de l’esclave mutilé. Même chose, chez Diderot, pour la rencontre avec le vieillard tahitien dont on sent l’indignation... Dans Matin Brun de F. Pavlof, on entre dans l’univers banal et quotidien des personnages, et comme eux, on ressent peu à peu l’angoisse des citoyens qui voient leur pays « brunir » et sombrer dans le fascisme. C’est le détour par la fiction qui donne cette force émotionnelle à la dénonciation.
A cela s’ajoute le fait que les argumentations indirectes suscitent un plaisir de lire particulier : le lecteur peut aimer se retrouver dans un monde fictif imaginaire (c’est un plaisir infantile, un plaisir régressif), vouloir suivre les aventures d’un héros avec ses rebondissements ou s’amuser, même de l’horreur ! Candide répond bien à ce programme : on est projeté dans une histoire invraisemblable, qui commence comme un conte merveilleux, qui accumule un nombre incroyable de péripéties et de malheurs, mais souvent présentés de façon comique ou distanciée. C’est par ce jeu avec le lecteur que Voltaire réussit à dénoncer certains comportements humains, responsables de son malheur (la superstition, la guerre, la cupidité des hommes,...).
Je pense donc, après avoir envisagé les différents points de vue possibles sur la question, qu’un auteur a plutôt intérêt à passer par l’apologue, la fable ou les contre-utopies de la science-fiction par exemple pour dénoncer les injustices contemporaines. Peu de lecteurs iront spontanément vers des genres argumentatifs plus exigeants intellectuellement, alors qu’ils seront prêts à se laisser emporter par la fiction et le récit d’aventures. C’est bien ce que montrent les succès de Matin Brun en 2002 et de « Minority Report » (qui dénonce les risques d’une société fondée sur une idéologie sécuritaire radicale) en 2003. Certes, ils peuvent être mal compris (l’ironie du texte de Montesquieu est-elle saisie par tous ?) ou vus comme de simples divertissements. Cependant en marquant leur imaginaire et leur vie émotionnelle en même temps qu’il les amène indirectement à réfléchir sur certains problèmes, l’auteur se donne une chance d’agir durablement sur les convictions de ses contemporains. »

  Réponse à cette intervention :

— Si un élève me rendait ce devoir voici ce que je lui dirais : « Tout ce que tu dis est juste, c’est bien (en sachant que tout avait été dit en classe) ; mais certains exemples auraient pu être développés davantage ; pas de « je » dans une dissertation ; le devoir me semble trop morcelé (plein de petits paragraphes dans l’introduction par exemple) pour faire apparaître clairement la structure ; pas d’annonce du plan dans l’introduction ; le I me semble trop léger car sans véritable argument dans le paragraphe 2 basé sur un exemple ; au début du II il fallait dire plus clairement que tu passais à l’argumentation indirecte. » Sur le même sujet j’ai donné en exemple le corrigé que l’on trouve dans les annales 2004 techno Hatier qui me semble bien, j’ai précisé aux élèves qu’un des exemples n’était pas assez développé à mon goût et que la conclusion était trop brève. Sur ce même sujet nous étions arrivés en classe à : I. Argumenter par un texte argumentatif pur : certes 1 intérêt, mais 2 inconvénients / II. Argumenter par l’apologue : certes 1 inconvénient, mais 2 intérêts ; donc vive l’apologue... (plan trouvé par les élèves après discussion, ils n’étaient pas tous d’accord.).
— J’avoue être assez formaliste ; j’impose 3 paragraphes par partie : qui peut le plus peut le moins, je suis tout à fait consciente que les élèves feront peut être le jour du bac des dissertations en 2 parties contenant chacune 2 paragraphes seulement, et alors ? En devoir à la maison ils rendent tous une dissertation complète tout à fait acceptable, parfois bien meilleure d’ailleurs qu’un commentaire littéraire ; en plus comme les dissertations sont maintenant sur programme et donc proches de ce qui a été fait en classe, cela ne semble pas très difficile. Et puis si on impose seulement 2 paragraphes par partie il vont se dire que donc on peut en faire un seul ; en en imposant 3 on peut espérer qu’il en restera 2 le jour du bac dans le pire des cas... Mais il est certain que si nous n’avons pas tous les mêmes exigences, ça risque de poser problème le jour du bac...

Réponses concernant l’oral

  A l’oral c’est déjà très satisfaisant lorsqu’un candidat répond vraiment à la question posée par juxtaposition de remarques intelligentes !

  Pour préparer l’oral, un texte est choisi, sur lequel on donne une question pour mettre les élèves au travail. On observe le texte avec les élèves, en notant ce qui paraît utile (même si on laissera de côté certains éléments). Pour la séance suivante, ils doivent proposer un plan en vue d’une étude qui réponde à la question posée, en choisissant deux ou trois « axes de lecture » ou idées directrices (le plus important étant que le terme choisi, « axe de lecture » par exemple, ait un sens pour chacun). Ensuite, on subdivise ces axes en deux ou trois « sous-axes » (qui correspondent à des sous-parties). Exemple : « Le vol des pommes » dans Les Confessions dans le cadre du biographique. La question peut être « quel sens Rousseau donne-t-il au récit de sa mésaventure ? ». Le plan pourrait être : 1) Rousseau compose son texte de façon à amuser son lecteur (§ Un récit complet / § Une parodie d’épopée / § ...) / 2) Le regard rétrospectif de l’autobiographe (avec d’autres sous-axes). Les élèves ont surtout du mal à trouver des axes et sous-axes (ou parties et sous-parties : l’important est de les faire travailler sur le contenu de leur devoir). Enfin, différents plans d’élèves sont mis en vis-à-vis et on compare les avantages et les inconvénients de chacun. Pour l’introduction et la conclusion, tout en s’efforçant de ne pas oublier que l’intervention orale ne durera que dix minutes, on peut approfondir plus que nécessaire, car les beaux textes le méritent, et l’exercice prépare aussi les élèves au commentaire écrit voire à la dissertation...

  A l’oral, tout dépend de la question posée et de l’approche de l’élève : il peut suivre l’ordre des paragraphes du texte si ceux-ci sont bien ciblés et en relation avec la question posée (cette approche semi-linéaire est d’ailleurs tout à fait recevable pour le commentaire écrit de certains textes : pourquoi systématiquement désorganiser ce que l’auteur a pris le mal d’organiser ?). Si le texte ou la question ne permettent pas cette approche, on attend un plan qui soit organisé autour des grands aspects de la question. Exemple : dans Candide de Voltaire, pour la visite d’Eldorado (ville et réception du roi), sur la question « quelles grandes idées caractéristiques des Lumières retrouve-t-on dans ce passage ? », on peut attendre que l’élève organise sa réponse autour de trois ou quatre idées caractéristiques des Lumières en montrant comment Voltaire les traite. Le conseil à donner aux élèves est de ne pas chercher à « caser » des éléments d’explication du texte s’ils ne répondent pas à la question, mais de réfléchir à celle-ci, en y répondant de la façon la plus simple possible au niveau du plan, en envisageant au moins deux ou trois aspects de la question, et en s’appuyant systématiquement sur le texte pour toujours bien montrer les procédés.

  Deux modalités pour construire son « descriptif » : soit par Å“uvres étudiées (on y voit les objets d’étude éclatés par croisements), soit par objet d’étude (plus facile à décrypter et à problématiser). Philippe Misandeau propose un page de son descriptif sur le théâtre et l’autre sur les questions attendues autour du mouvement littéraire. L’important est d’apprendre aux élèves à problématiser (voir une définition de la problématique) à partir d’une question posée, et à répondre à une problématique même si celle-ci est plus ou moins bien construite...


Ce document correspond à la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres échangées sur la liste de discussion Profs-L ou en privé, suite à une demande initiale postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protégé par la législation en vigueur. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protégé par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

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