▶ Les libraires au sens quasi actuel apparaissent, évoqués par Horace dans ses œuvres : les Sosii (1), Tryphon (2), Atrectus (3), etc. Les bibliothèques publiques se constituent (il y en eut jusqu'à 28 à Rome), dont celle créée par Auguste en 28 avant notre ère, sur le Palatin, au temple d'Apollon, et dont la direction fut confiée à Hygin (4). Le prestige attaché à cette fonction survivra aux siècles : Giovanni Tortelli, dans son lexique latin critique De orthographia (copie de 1450), loue le Pape Nicolas V, le vrai fondateur de la Bibliothèque Vaticane, pour son projet de créer une grande bibliothèque, que Tortelli décrit comme "la plus splendide qui ait jamais existé."
▶ Paradoxalement, le succès d'auteurs comme Virgile a pu ne pas toujours rendre service à leurs textes : éditions scolaires bâclées, approches critiques inappropriées, etc. En témoignent par exemple Quintilien, Institution oratoire 9,4,74 (5) ou Aulu-Gelle, 20,6,14 (6). Cependant, la diffusion large des auteurs de langue latine "récents" ou "contemporains" les a plutôt servis dans l'ensemble.
▶ Au II° siècle, la mode archaïsante "ranime" la copie des auteurs les plus anciens ; Aulu-Gelle est l'incarnation de cette tendance bibliophile friande d'antiquités :
C'est, semble-t-il, à cette époque (et surtout au III° siècle) que commence à se développer la pratique de l'abrégé (ou épitomé, ou compendium...), qui n'est peut-être pas un signe de bonne santé culturelle, mais à laquelle nous devons d'avoir une connaissance de certains auteurs dont les œuvres ont par ailleurs disparu.
▶ Parallèlement, le remplacement progressif du "volumen" par le "codex" (une sorte de carnet relié) est décisif : la consultation et le stockage sont facilités, et cette transition a nécessité un "recopiage" des ouvrages disponibles sur le nouveau support ; cependant, il était difficile de tout transférer, et le processus s'est déroulé sans planification ni harmonisation, bien entendu. D'autres ouvrages ont donc dû disparaître, qui avaient franchi les épreuves précédentes. Ce phénomène s'étend du I° au IV° siècle, mais le plus ancien codex qui nous soit parvenu est un fragment du De Bellis Macedonicis, anonyme daté de 100 ap. J.C., qui se trouve à la "British Library". Concernant le parchemin, qui joue son rôle dans cette évolution, je vous renvoie pour son histoire aux pages de la BNF sur les supports d'écriture.
Responsable de ces pages : François Giroud
Contact - Qui sommes-nous ? - Album de presse - Adhérer à l'association - S'abonner au bulletin - Politique de confidentialité