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Article : [478] - Goncourt des lycéens


vendredi 21 avril 2006

Par Dominique Délas

Il s’agissait de recueillir des témoignages de collègues ayant participé avec une classe au Goncourt des lycéens.
Synthèse mise en ligne par Valentine Dussert.

Première réponse précisant la manière de se porter candidat, le calendrier, et la mise en œuvre pédagogique

  « Il faut tout d’abord, pour participer au GDL, s’inscrire au mois de janvier de l’année scolaire qui précède ; nous l’avons appris à nos dépens il y a deux ans, et l’an dernier nous avions un GDL "maison", avec 6 titres choisis dans la sélection 2004 sur lesquels nous avons officieusement travaillé. C’est avec ce projet très précis que notre candidature a été retenue en janvier 2005, car le comité demande un projet pédagogique pour vous "choisir", en théorie un lycée par département, voire par académie. Il est à la mode de ne pas inscrire des élèves littéraires (nombre de bac pro et BTS tertiaires cette année, beaucoup de S aussi...). Ils acceptent en revanche 2de ou 1re. Pour ma part, je l’ai fait en 2nde pour le raccrocher à 3 objets d’étude : éloge et blâme à travers la critique littéraire, le travail de l’écrivain, écrire lire publier aujourd’hui. J’ai par la suite étudié des extraits de chaque oeuvre (il y en avait 12 cette année) dans une séquence consacrée à l’étude du récit. En 1re le problème est que souvent les collègues disent avoir "seulement" fait lire les romans, sans les travailler, par manque de temps en vue du bac, ou en l’absence de lien avec les programmes. Certains d’entre eux ont obtenu de leur établissement des heures en plus pour faire le GDL, des salles spécifiques et aussi une "mise en valeur du projet". Certains collègues s’arrêtent en chemin car leurs classes se découragent, d’autant plus quand le GDL est réduit à un simple "club de lecture". Pour réussir, il faut donc, me semble-t-il :

  • faire un énorme pari au départ sur des élèves alors inconnus ;
  • très bien s’entendre et travailler vraiment avec le prof documentaliste qui ne s’occupe pas seulement du prêt des livres, loin de là ;
  • intégrer le GDL au travail de la classe et planifier avec les élèves leurs lectures ;
  • consacrer des heures de cours à la lecture des ouvrages avec les élèves ;
  • faire des revues de presse, aller voir sur les tables de librairie le phénomène de la rentrée littéraire ;
  • échanger sur les livres en classe, sous forme de débats, arguments à l’appui.

Il faut savoir que le GDL est un projet lourd qui occupe tout votre temps jusqu’à la rentrée des vacances de la Toussaint (vous découvrez les livres en même temps que les élèves, et en plus vous préparez et corrigez sur ces textes que vous avez à peine le temps de digérer), et que c’est un projet mené par la Fnac. Si vous avez l’habitude de monter des partenariats avec des institutions, ce qui est mon cas, vous allez apprécier qu’on vous "serve sur un plateau" des rencontres avec les auteurs, des "actions médiatiques" etc. Cela dit, pour nous en tout cas, nous avons souvent eu le sentiment d’être un peu utilisés (banderoles et colliers Fnac partout où nous allions, les élèves se sont parfois pris pour des marchandises...) et souvent celui d’être les dernières roues du carrosse : on nous informe deux jours avant de la tenue d’un événement, ce qui pose problème pour les autorisations de sortie, les cours des collègues qui sautent etc. Là aussi, il vaut mieux le savoir, faire passer l’information dès le début aux collègues de la classe et compter sur leur bon vouloir. En résumé, c’est à faire, mais en sachant où l’on met les pieds, car parents et parfois élèves réagissent en se sentant punis par tant de lecture. Il faut être très sûr de soi pour se souvenir, avec la pression qui monte, des raisons qui nous ont conduits à lancer ces trois mois de marathon. Vous entendrez beaucoup de plaintes du type "oui mais on a aussi autre chose à faire !". Pour finir, pesez bien le choix des élèves ; j’avais cette année dans mon service une 1ère L et une 2nde, mais les L sont faibles chez nous, et avec le bac, j’ai préféré le faire en 2nde. »

Deuxième réponse soulignant cette lourdeur du projet - un avis très réservé

  « J’ai participé au GDL avec une 1re L l’année où Gaudé a eu le prix. Mes impressions sont mitigées. Points positifs : les élèves ont rencontré des auteurs, des libraires, d’autres élèves qui comme eux s’étaient lancé dans l’aventure, ont lu des livres qu’ils n’auraient jamais lus. Points négatifs : la Fnac pilote et finance l’opération et selon le dynamisme et l’envie de collaborer du personnel régional c’est très actif avec des propositions ou le minimum prévu. La sélection est celle du Goncourt : on connaît très tard la liste (après la rentrée scolaire) et le délai de deux mois est beaucoup trop court pour faire de nombreuses lectures. La sélection est très aléatoire( du lisible à l’atroce, du très mauvais au très classique) et finalement cela demande au prof un gros gros investissement en temps en énergie : avec quelle résultat pour les élèves ? Je crois qu’il ne faut pas attendre beaucoup sur le plan littéraire de cette expérience mais elle permet de découvrir le monde des livres, la dimension commerciale, d’argumenter sur les prix littéraires en étant dans le concret de la chose. Les élèves ont une occasion un peu unique d’approcher un milieu culturel, économique et médiatique (certains auteurs sont de bons vendeurs !). Pour finir, je dirai que je préfère d’autres prix moins connus mais plus riches en participation effective (je pense au Prix Européen du Jeune Lecteur auquel je participe avec mes L depuis trois ans) plutôt que cette grande messe. »

Troisième réponse fournissant un avis nuancé, quoique favorable au prix

  « Pour ma collègue et moi-même, le GDL a apporté une nouvelle vision de la lecture "cursive" : du fait de l’interdiction d’intervenir dans le choix des élèves, nous avons été de simples lectrices, des compagnes de lecture, des spectatrices aussi de leurs débats, souvent passionnés pour défendre leurs romans préférés. De plus, l’organisation par la Fnac est rondement menée et nous conduit à rencontrer d’autres collègues avec des expériences différentes. Tout a l’air parfait, mais il faut aussi faire face à des difficultés. La première est le choix de la classe. Le Goncourt des Lycéens travaille sur la même sélection que le Goncourt tout court, c’est-à-dire de 12 à 14 romans qu’il faut lire en trois mois. Tous les élèves n’ont pas l’obligation de tout lire, mais les délégués sont censés le faire. La classe doit être motivée, et cette motivation passe par une valorisation de l’aventure, au niveau de la classe elle-même (tous les profs sont prévenus et font des concessions, voire participent) et de l’établissement : d’autres classes peuvent donner leur avis, participer à des débats... Bref un gros travail, mais une fois la fatigue passée, on ne demande plus qu’à recommencer... Alors n’hésitez pas ! ».

Quatrième réponse s’exprimant avec enthousiasme sur l’expérience et donnant des précisions pour sa possible mise en Å“uvre

  « Faites-le sans hésiter : c’est vraiment une belle expérience et j’en garde un bon souvenir, mais n’attendez pas trop de l’organisation. C’est à vous de mener le travail de lecture et de susciter des animations. Personnellement j’avais associé la documentaliste, la bibliothèque du quartier (les bibliothécaires étaient venus participer aux débats sur les livres) et une petite librairie du quartier : le libraire avait reçu mes élèves et leur avait expliqué la situation actuelle de l’édition, les différents prix littéraires et la façon dont il choisissait, lui, les livres dans sa boutique... Les élèves aiment participer à des débats littéraires sur les livres, surtout lorsque l’on fait intervenir d’autres personnes (que le prof de français) dans la classe. On avait aussi invité la CPE à lire et à venir discuter avec nous des livres. La seule intervention extérieure obtenue par l’intermédiaire de la Fnac était quelques heures d’une comédienne qui avait organisé des séances de lecture à voix haute des romans du Goncourt... et c’était très bien. Si tout le monde n’a pas TOUT lu, ce n’est pas forcément dramatique : ce qui est sûr, c’est que beaucoup se prennent au jeu et lisent...et c’est vraiment un travail différent, sympathique ! Un jeune journaliste était venu dans ma classe et les avait fait participer à une émission sur France Culture : cela avait aussi beaucoup plu aux élèves... Bref, cela change le regard habituel sur la lecture... Et puis tout est fini à la Toussaint : on a donc encore le temps de faire le programme ! J’aimerais bien pouvoir participer de nouveau, mais hélas, ce n’est pas possible ! Je vous souhaite donc une belle expérience Goncourt des lycéens ! »

Des ressources pédagogiques proposées par Miguel Degoulet

  « Je vous renvoie à ce que j’ai écrit dans l’École des Lettres début 2005 (janvier et février, si ma mémoire est bonne). Il y a une séquence complète. Par ailleurs, sur le site de l’Académie de Nantes, j’ai proposé une analyse de la mise en oeuvre du prix ».


Ce document constitue une synthèse d’échanges ayant eu lieu sur Profs-L (liste de discussion des professeurs de lettres de lycée) ou en privé, suite à une demande initiale postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, ce texte est protégé par la législation en vigueur en matière de droits d’auteur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.
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