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Article : [128] - Le rapport entre auteur et metteur en scène


vendredi 20 février 2004

Par Corinne Durand Degranges

Il s’agissait de trouver des textes qui mettent en Ă©vidence le rĂ´le du metteur en scène par rapport Ă  celui de l’auteur dramatique.

RĂ©ponses des colistiers

  Il y a dans les Annales ZĂ©ro un sujet sur BĂ©rĂ©nice. On y trouve une interview du scĂ©nographe Gilles AILLAUD parue dans Théâtre aujourd’hui.

  Jean ANOUILH, La RĂ©pĂ©tition ou l’Amour puni : il y a quelques remarques assez incisives sur le sujet. Le thème de la pièce est la mise en scène par des aristocrates de La Double inconstance de Marivaux. Jean Anouilh (auteur) se permet des jugements sur le metteur en scène (reprĂ©sentĂ© par un des personnages, Tigre).

  J.L. BARRAULT, Mise en scène de Phèdre (points seuil) : il s’agit d’un commentaire scĂ©nique. On en trouve un extrait dans le manuel Hatier de Première (p.254-255).
Je me demande s’il n’y a pas un Hamlet dans cette collection.

  BEAUMARCHAIS, Caractères et habillements de la pièce : texte Ă©crit Ă  l’intention des metteurs en scène du Mariage de Figaro.

  Peter BROOK, Ecrits sur le théâtre

  Patrice CHEREAU, Quand cinq ans auront passĂ© : une minutieuse description de sa mise en scène du Ring wagnĂ©rien dans les annĂ©es 70.

  L’Ecole des lettres (n° 13), numĂ©ro spĂ©cial « Molière mis en scène », (mai 2002) contient des entretiens avec des metteurs en scène, dont Jacques Lassalle et J.P. Miquel qui me semblent intĂ©ressants.

  Eugène IONESCO, Notes et Contre Notes (p. 285) : il critique le travail du metteur en scène de RhinocĂ©ros Ă  New York. C’est très court mais intĂ©ressant.

  Louis JOUVET, Molière et la comĂ©die classique : notes de cours avec les commentaires donnĂ©s aux Ă©lèves pour Elvire Tartuffe etc. Ce livre avait donnĂ© lieu Ă  un film.

  Vito PANDOLFI, l’Histoire du théâtre, tome III (Marabout-UniversitĂ©) dans LittĂ©rature et langages (Nathan) p. 113
« Le metteur en scène : chaĂ®non et mĂ©diateur qui, d’une part, rend concrète la rĂ©alitĂ© du texte Ă©crit, et de l’autre, suscite et inspire la conscience artistique de l’acteur et du dĂ©corateur, en lui suggĂ©rant les cheminements et son interprĂ©tation de la rĂ©alitĂ©, parfois en l’Ă©clairant par Ă©tincelles, parfois en lui prĂ©parant le terrain, parfois, dans la phase la plus tendue, en instituant Ă  neuf cette rĂ©alitĂ© qu’Ă©voque le texte Ă©crit. »
  Le mĂŞme manuel propose des textes de Edouard Gordon CRAIG et de STANISLAVSKI, mais plutĂ´t sur le travail unissant metteur en scène et acteur.

  PIRANDELLO, Six personnages en quĂŞte d’auteur

  REGY, Espaces perdus : ce metteur en scène explique comment l’acteur doit « retrouver » le moment de l’Ă©criture.

Références en ligne

  CAILLAT Gilbert et al., Du théâtre Ă  l’Ă©cole, CRDP de Lyon, Hachette Éducation, 1994,

  Martine Agathe COSTE (UniversitĂ© de Provence) Giraudoux du texte Ă  la scène : passage Ă  l’acte

  Quelques « cours de théâtre » dans lesquels on peut trouver des Ă©lĂ©ments en rapport avec la question, notamment les citations de Bernard DORT intĂ©grĂ©es au premier article sur « la théâtralitĂ© », en particulier ces deux-ci qui concluent son livre La ReprĂ©sentation Ă©mancipĂ©e (Actes-Sud, 1986) :
  Ainsi, la question du texte et de la scène se trouve dĂ©placĂ©e. Il ne s’agit plus de savoir qui l’emportera, du texte ou de la scène. Leur rapport, comme les relations entre les composantes de la scène, peut mĂŞme ne plus ĂŞtre pensĂ© en termes d’union ou de subordination. C’est une compĂ©tition qui a lieu, c’est une contradiction qui se dĂ©ploie devant nous, spectateurs. La théâtralitĂ©, alors, n’est plus seulement cette « Ă©paisseur de signes » dont parlait Roland Barthes. Elle est aussi le dĂ©placement de ces signes, leur impossible conjonction, leur confrontation sous le regard du spectateur de cette reprĂ©sentation Ă©mancipĂ©e.
  Dans une telle pratique, [...] la reprĂ©sentation [...] s’ouvre sur une activation du spectateur et renoue ainsi avec ce qui est peut-ĂŞtre la vocation mĂŞme du théâtre : non de figurer un texte ou d’organiser un spectacle, mais d’ĂŞtre une critique en acte de la signification. Le jeu y retrouve tout son pouvoir. Autant que construction, la théâtralitĂ© est interrogation du sens. »

Et sur le point prĂ©cis du « metteur en scène » voici ce que j’Ă©cris en synthĂ©tisant ce que Bernard DORT dĂ©duit des propos de Gordon Craig (l’un des inventeurs de la mise en scène vers 1905) :
  En fait la rĂ©volution s’est faite, Ă  la fin du XlXe siècle, avec la mĂ©tamorphose du rĂ©gisseur en metteur en scène, ce qui a changĂ© radicalement sa fonction et la relation texte / scène. Respectueux du texte et du jeu des acteurs qui « se contentaient » de le « jouer, rĂ©citer, dĂ©clamer », selon les conventions de l’Ă©poque, le rĂ©gisseur constatait et coordonnait les Ă©lĂ©ments de la reprĂ©sentation : « il n’Ă©tait que le garant d’un certain ordre Ă©tabli en dehors de lui. »
Ă€ l’inverse, le metteur en scène continue certes Ă  ordonner ces Ă©lĂ©ments, mais, surtout, il les prĂ©voit et les organise Ă  l’avance jusqu’Ă  crĂ©er un spectacle dont le texte n’est qu’un Ă©lĂ©ment parmi d’autres : « Il agit avant, lĂ  oĂą le rĂ©gisseur n’opĂ©rait qu’après. Il ne reproduit pas : il produit. Ainsi, il n’a plus rang d’exĂ©cutant : il devient auteur - auteur du spectacle. » (R.É, 173-174).
ÉlaborĂ© par le metteur en scène, le spectacle tend Ă  se fixer et Ă  prendre son autonomie, indĂ©pendamment du « texte » d’origine. Ainsi, avant les rĂ©pĂ©titions de Lorenzaccio, Otomar Krejca rĂ©dige un projet très dĂ©taillĂ© qui en constitue une nouvelle « partition », oĂą ses indications de metteur en scène « valent » autant que le texte d’origine. Plus indĂ©pendant encore, quand il monte La Poule d’eau de Witkiewicz, Tadeusz Kantor dit : « Je ne joue pas Witkiewicz, je joue avec Witkiewicz. », dont il ne garde que quelques bribes. Ainsi, « Le texte dramatique proprement dit se trouve doublĂ©, pris en charge ou supplantĂ© par un nouveau texte : le texte scĂ©nique. »(R.É, p.174)
VoilĂ  rapidement rĂ©sumĂ©es les grandes Ă©tapes de la problĂ©matique qui fonde cette nouvelle manière de considĂ©rer le théâtre dont le texte n’est Ă©crit qu’en rapport avec un jeu : la phrase sur Kantor pourrait ĂŞtre la base d’un beau sujet de dissertation.

  Le DITL (dictionnaire des termes littĂ©raires) propose un article intĂ©ressant sur le metteur en scène.

  TĂ©lĂ©doc, Louis Jouvet ou l’Amour du théâtre


Ce document correspond Ă  la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres Ă©changĂ©es sur la liste de discussion Profs-L ou en privĂ©, suite Ă  une demande initiale postĂ©e sur cette mĂŞme liste. Cette compilation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protĂ©gĂ© par la lĂ©gislation en vigueur. Fourni Ă  titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protĂ©gĂ© par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion Ă  des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

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