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Article : [147] - Une bonne mise en scène du Dom Juan de Molière


vendredi 2 juillet 2004

Par Eugénie Rivault

Il s’agissait de savoir quelle est la version préférée des professeurs de français dans l’optique de l’étude du théâtre en Première.

A propos de la mise en scène de Armand DELCAMPE

Au départ, la question était plus précise : il s’agissait de savoir quelles sont les particularités, les aspects intéressants (ou gênants ?) de la mise en scène de Dom Juan par Armand DELCAMPE.
  Don Juan (Didier Colfs), comique, un peu poseur, est une sorte de grand enfant, un grand gamin un peu efféminé qui veut tout : intelligent mais irresponsable (« aveugle jeunesse »), joueur et non coupable, il ne comprend pas bien pourquoi ses jouets sont cassés.
  Sganarelle (Léonil Mac Cormick), valet et confident, ami de Don Juan, « le regard du peuple », est lui aussi « un cÅ“ur sincère ». Il ne partage pas les raisonnements de son maître mais s’étonne toujours de voir la « mécanique Don Juan » fonctionner... Ni l’un ni l’autre ne semblent concernés par les dégâts que Don Juan occasionne. (EAF PhM)
  La représentation est faite en décor naturel, dans les ruines d’une abbaye (la scène est montée contre un mur) ; dans la dernière scène, on voit Don Juan frondeur, monter des escaliers, la main tendue, pour parvenir jusqu’à une statue vivante qui l’emporte dans un grand fracas de pétards et de fumée.
  Prise en direct, en nocturne, à l’extérieur.

Avis favorables :
  La mise en scène de Delcampe respire la santé.
  La version Delcampe s’attarde davantage sur l’aspect comique des différents personnages, sur l’inconstance joueuse et égoïste de Don Juan.
  Cette version, enregistrée en plein air et en public a le mérite de donner une approche assez comique et rafraîchissante de la pièce [...].
  J’aime bien la mise en scène de Delcampe et je connais les comédiens, en particulier Léonil Mc Cormick (Sganarelle) qui dirige un petit théâtre à la campagne, qu’il a créé de toutes pièces et fait vivre, et qui anime chaque année dans ce village un grand « Marché du théâtre » où sont invitées les compagnies francophones qui se produisent en Belgique. Le public a l’occasion de voir gratuitement des extraits de spectacles, de recevoir des infos, en ce compris de jeunes compagnies qui ont ainsi l’occasion de se faire connaître. Malheureusement, l’affluence est devenue telle que le marché est victime de son succès.
Voir le site de La Valette
Mais je trouve cela très chouette à notre époque où il est si difficile de faire du théâtre (et de l’art en général). Pour en revenir à la mise en scène de Delcampe, elle a le mérite de remettre la pièce dans une perspective comique qui était quand même, à ma connaissance, l’esprit du XVIIe. Par ailleurs, le spectacle en plein air dans les superbes ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville nous replonge aussi un peu dans les conditions de création de certaines pièces dans les jardins de Versailles.
  Beau décor (au pied d’une ruine) et costumes.
  Le traitement des décors y est intéressant (composer avec un décor naturel, faire bouger le public pour utiliser le cadre architectural du lieu de la mise en scène...).
  Le personnage de Sganarelle est apprécié.
  Le DVD comporte un bonus avec interviews utiles.

Regrets
  Pourquoi la scène avec Monsieur Dimanche est-elle absente ? Et pourquoi cette fin grandiloquente ?
  Grand regret quant à la supression de la drolissime scène avec M. Dimanche (c’est notre M. Dimanche local qui s’est senti vexé !).
  (II, 4) : la tirade de Dom Juan s’adressant en même temps à Charlotte et à Mathurine est tronquée.
  La déclamation tonitruante (pièce jouée en plein air) et certains choix un peu « démagos ».
  Don Juan jeune mais pas très convaincant, texte incomplet (pas de M. Dimanche) et parfois débité, erreurs dans la prise de vue (à contretemps).
  les acteurs ne m’ont pas paru tous très convaincants, notamment Dom Juan que je trouve un peu insipide.
  Le comédien qui interprète Dom Juan dans cette version était une doublure ; en effet, après quelques représentations, le titulaire du rôle a eu de graves problèmes de santé qui l’ont obligé à interrompre la série. D’ailleurs, vous remarquerez qu’à un moment on entend la voix off de Dom Juan enregistrée et que ce n’est pas la même.
  Unanimement, le costume d’Elvire déplait fortement.

Réaction des élèves :
  Cette année, mes élèves m’ont presque convaincue que le téléfilm (Bluwal) était trop languissant, avec son Don Juan dépressif, alors que la mise en scène de Delcampe respire la santé !
  Les élèves aiment bien (couleurs, ça bouge).

  L’avis des élèves est resté partagé ; la mise en scène de Delcampe a été jugée assez sévèrement.
  Mes élèves ont préféré celle de Jacques Weber, malgré le non-respect du texte : de bons acteurs connus, une interprétation du texte très intéressante.
  Je pense que cette mise en scène est susceptible de davantage plaire aux élèves, notamment par rapport à celle de Bluwal, un peu datée pour eux.

Un point qui fait l’unanimité, l’intérêt des comparaisons :
  Delcampe tout seul me semble assez pauvre mais pour établir une comparaison, c’est un bon achat.
  Après diffusion comparative de quelques passages, l’avis des élèves est resté partagé [...] je ne regrette pas de l’avoir utilisée ; la réflexion sur le travail scénique s’en trouve vraiment enrichi [...] Cette version, enregistrée en plein air et en public, a selon moi le mérite de donner une approche assez comique et rafraîchissante de la pièce, intéressante pour des comparaisons avec des interprétations beaucoup plus sombres voire tragiques que l’on trouve par exemple à la Comédie-Française.
  En tout cas, la comparaison entre les deux versions (Delcampe, Bluwal) est fertile.
  Le mérite de cette pièce extraordinaire est précisément la multiplicité des interprétations (et donc des mises en scène) possibles.

Mises en scène préférées des colistiers

 :
  Ma version préférée : BLUWAL avec Piccoli (un très bon DVD)
  Ma préférée : BLUWAL Puis MANUEL et WEBER.
  Ma préférée reste l’adaptation télévisée de Marcel BLUWAL, certes ancienne ... mais quelle classe !

Et incidemment :
  Pour en savoir plus : peut-être pouvez tenter d’entrer en contact avec Armand Delcampe via l’Atelier théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, dont il est le directeur.
  Des collègues qui enregistrent tout ce qui passe sur Arte ont peut-être au fond de leurs tiroirs un documentaire sur les différentes versions de mise en scène de Dom Juan : de Jouvet (1947 ?) à Lassalle (1994)
  Quelque part sur le Web, vous avez même un collègue qui a constitué un tableau synthétique afin de tirer meilleure partie du documentaire.
  Weber a lui aussi (avec l’adaptateur Laclavetine) apporté des modifications, notamment d’ordre des scènes.


Ce document correspond à la synthèse de contributions de collègues professeurs de lettres échangées sur la liste de discussion Profs-L ou en privé, suite à une demande initiale postée sur cette même liste. Cette compilation a été réalisée par la personne dont le nom figure dans ce document. Ce texte est protégé par la législation en vigueur. Fourni à titre d’information seulement et pour l’usage personnel du visiteur, il est protégé par les droits d’auteur en vigueur. Toute rediffusion à des fins commerciales ou non est interdite sans autorisation.

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